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Maltraitances dans la gymnastique : la ministre des Sports interdit à Vincent Pateau d'entraîner et de conseil - France 3 Régions

Après sa condamnation pour harcèlement moral, Amélie Oudéa-Castéra a interdit d'exercice le responsable du pôle de gymnastique de Marseille, récemment condamné par la justice.

Moins de deux mois après la condamnation du directeur technique du pôle France de gymnastique de Marseille Vincent Pateau, la ministre des Sports a annoncé qu'il ne pourra plus exercer de "fonction d'encadrement", alors que France 2 a diffusé d'autres témoignages accusateurs dimanche, visant un ancien encadrant de la structure mais aussi une cadre toujours en poste.

Vincent Pateau a été condamné le 4 mai dernier à six mois de prison avec sursis pour harcèlement moral. Le ministère a décidé de son "incapacité d'exercer toute fonction d'encadrement", concrètement une interdiction d'entraîner et de conseiller des athlètes.

Une décision prise mardi à la suite de la convocation du président de la FFgym James Blateau, accompagné du directeur technique national Kevinn Rabaud, au Ministère pour une réunion de deux heures. Une démarche aussi rare que marquante ayant concerné ces dernières années l'ex-président de la Fédération française de football Noël Le Graet ou avant lui celui de la Fédération française des sports de glace, Didier
Gailhaguet. A chaque fois lors de crises leur ayant coûté la présidence.

La gymnastique française n'en est pas là mais elle paie un effet d'accumulation. Six anciennes gymnastes de l'équipe de France ont dénoncé dimanche dans Stade 2 des violences physiques ou psychologiques émanant d'entraîneurs. 

Les remarques répétées et blessantes sur le poids ainsi qu'une gifle infligée à une mineure en plein Jeux olympiques font l'objet d'une enquête du ministère. En attendant sa conclusion, la cadre actuelle impliquée "va être reçu(e) par la direction des sports et est susceptible de faire l'objet d'une suspension à titre
conservatoire".

L'ex-gymnaste de l'équipe de France Marine Petit a notamment décrit une claque reçue de sa part lors des JO-2008 à son retour d'une fête pour célébrer la médaille d'argent au saut de cheval décrochée par Thomas Bouhail.

"C'est une information qui tourne dans le milieu de la gym", a commenté James Blateau, président de la FFGym depuis 2013, confirmant avoir entendu cette histoire avant dimanche.

"Ce qui n'a pas été dit dans le reportage, ce sont les conditions (de l'événement)", estime-t-il. "Il n'a pas été dit que cette jeune fille avait 15 ans et demi, que c'était après une nuit à la rechercher partout et qu'elle était alcoolisée. Durant les Jeux olympiques, on fait autre chose que faire la fête. Ça fait beaucoup de choses quand même et ça n'excuse pas un mauvais geste. Mais quand même."

Il préfère laisser la main au ministère: "L'enquête nous dira s'il y a des problèmes, alors on conclura. Et, s'il n'y a pas de problème, on conclura aussi."

L'autre entraîneur accusé de mauvais traitements dans Stade 2 n'est lui plus en contrat avec la Fédération depuis 2013.

"Les résultats et son comportement ne donnaient pas satisfaction, décrit James Blateau. Ce n'était pas forcément les choses exprimées là (dans l'enquête de dimanche, ndlr) mais de ce genre-là. C'est à dire pas les bons mots, pas les bons comportements. Ce n'est pas cette gym-là que l'on veut."

Devenu entraîneur dans un club, il est aussi visé par une enquête du service départemental à la jeunesse, à l'engagement et aux sports (SDJES) concerné, "qui permettra, le cas échéant, la prise d'une mesure d'interdiction d'exercer", précise le ministère. 

Depuis plusieurs années, cette discipline sportive est secouée, dans plusieurs fédérations du monde, par des affaires de violences sexuelles, comme aux Etats-Unis d'Amérique, de maltraitances liées aux entraînements, et certaines gymnastes, la plupart du temps des filles, ont relaté des privations de nourriture.

Lors d'un stage, il aurait dit des choses qu'on ne dit pas à des jeunes filles.

James Blateau, président de la FFGym

Un ex-entraîneur du pôle de Marseille, Pierre Ettel, doit lui aussi être jugé pour harcèlement moral, le 7 novembre.

Par ailleurs, un technicien ukrainien de l'équipe de France masculine, Vitaly Marinitch, a été remercié en janvier. "Il a eu un comportement qui ne nous convenait pas du tout, alcoolisme et cetera", décrit James Blateau. "Lors d'un stage, il aurait dit des choses qu'on ne dit pas à des jeunes filles", ajoute-t-il. "Il faut différencier l'exigence de la violence, pour reprendre les mots de la ministre", somme James Blateau. Un chantier culturel attend la gymnastique française.

Les autres sports de haut niveau ne sont pas épargnés par ce genre d'affaires. Après des années de silence, les langues des athlètes se délient et les témognages se multiplient. L'entraîneur charismatique du pôle Espoirs de judo de Marseille, Stéphane Mongellas a été accusé de violence morale et physique par des judokates et le parquet de Marseille a ouvert une enquête préliminaire.

(avec AFP)

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