« Ça y est, on tient notre France 98 ! ». Avec la victoire de la team Vitality, dimanche, Nicolas Maurer a de quoi se réjouir. L’équipe, qu’il a cofondée et dont il est le président, s’est imposée en finale du Major de « Counter-Strike : Global Offensive », face aux Allemands de GamerLegion. Le plus beau titre de son histoire, dans une Accor Arena en fusion et sous les acclamations de 12 000 personnes.
Sous les yeux, aussi, de la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra. Interrogée par Le Monde dimanche, la ministre a réaffirmé son ambition pour l’e-sport français. Avec l’organisation de cet évènement, suivi en ligne par plusieurs centaines de milliers de personnes, et donc couronné par la victoire d’une équipe française, « on est en train d’asseoir le pays comme une grande nation de l’e-sport », s’est-elle notamment enorgueillie.
« Des champions français dans tous les jeux »
Selon des données compilées par Le Parisien, la France figure bien parmi les nations les plus performantes de l’e-sport mondial. Elle est le septième pays le plus représenté parmi le top 300 des joueurs ayant remporté le plus de gains au cours de l’année écoulée, tous jeux confondus, d’après les données du site spécialisé Esports Earnings. Onze joueurs français y figurent, dont Dan « apEX » Madesclaire et Mathieu « ZywOo » Herbaut, tous deux membres de l’équipe Vitality victorieuse dimanche. Une liste à prendre avec précaution, étant donné que les gains sont très variables selon les jeux et les compétitions, mais qui fournit tout de même un premier indicateur.
« La France est bien située », confirme Nicolas Besombes, professeur à l’Université Paris Cité, auprès du Parisien. « En termes de résultats, il y a des champions français dans presque tous les jeux », ajoute le spécialiste. Parmi eux, on peut donc citer le Lensois Mathieu « ZywOo » Herbaut, sur « CS : GO », double champion du monde en 2019 et 2020, mais aussi Sébastien « Ceb » Debs, « l’un des meilleurs joueurs de l’histoire de Dota 2 », ou William « Glutonny » Belaïd, considéré comme le meilleur joueur européen sur « Super Smash Bros » et l’un des meilleurs dans le monde.
« Il y a eu une baisse de la performance au cours des dix dernières années », constate toutefois Philippe Rodier, manager d’Atletec, un club professionnel d’e-sport, et auteur d’un livre sur le sujet. « La France avait énormément de champions du monde jusqu’en 2012-2013, c’est un peu moins le cas aujourd’hui - ce qui s’explique notamment par une compétition renforcée à l’échelle internationale ». Si elle ne peut pas rivaliser avec des mastodontes comme la Chine ou les États-Unis, qui comptent bien plus de joueurs, la France peut toutefois se prévaloir d’une certaine « polyvalence », selon lui.
Vitality, « le PSG de l’e-sport »
Le triomphe de Vitality lors du Major de « CS : GO », dimanche, représente par ailleurs une victoire de grand prestige pour une équipe tricolore - en partie composée de joueurs étrangers. « C’est l’équivalent d’un Grand Chelem au tennis », indique Nicolas Besombes. « On a toujours eu des champions français sur ce jeu, mais une victoire comme celle-là, c’est exceptionnel », ajoute-t-il, en soulignant qu’il s’agit du premier succès d’une équipe française lors de cette compétition depuis LDLC (désormais LDLC-OL) en 2014. Un résultat d’autant plus remarquable que les équipes qui souhaitent se lancer dans le jeu rencontrent généralement des difficultés pour trouver des financements en France. « Les investisseurs publics et privés français ont toujours eu du mal à se positionner sur des jeux de tir, ce qui n’est pas forcément le cas dans d’autres pays comme les États-Unis, mais aussi la Suède ou Danemark », note l’expert.
Avec Vitality, la France compte désormais une équipe de renommée internationale, positionnée sur plusieurs jeux et soutenu par un puissant investisseur étranger - Rewired.gg, un fonds d’investissement détenu par un milliardaire indien. « Cette équipe peut devenir une locomotive pour l’e-sport français, comme le PSG pour le foot », estime Philippe Rodier, qui se dit « optimiste » pour l’avenir de la discipline en France. Saluant un « tissu associatif dense », un milieu « créatif » et une « véritable expertise » dans l’organisation d’évènements, Nicolas Besombes s’interroge : « La France va-t-elle devenir LA grande nation de l’e-sport en Europe, comme le souhaite le gouvernement ? Je n’en suis pas persuadé. L’une des grandes nations, en revanche, c’est tout à fait possible. »
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