Régulièrement balayé par les tourbillons de sable lors des fortes tempêtes qui secouent les rivages de l’Atlantique, le sillon de Guérande représente alors une zone dangereuse. Soucieux de la préserver, les pouvoirs publics encouragent, dès les années 1820-1830, la plantation de 700 ha de dunes destinées à fixer le terrain.
Dès cette époque, la petite localité proche du Croisic, en Loire-Atlantique, devient une jolie station balnéaire prisée des touristes. La presqu’île attire les écrivains à la recherche de grands espaces. Balzac y vient régulièrement. Mais il faut attendre l’ouverture de la ligne de chemin de fer Saint-Nazaire-Le Croisic, en 1879, pour que commence l’histoire de La Baule, ou plutôt de La Bôle, orthographe d’époque.
C’est en effet ce lieu-dit, point médian entre Escoublac, Le Croisic et Guérande, qui a été choisi pour abriter la gare.
Les « pères fondateurs »
Malgré cela, l’endroit demeure confidentiel. Il attend son « créateur », celui qui va le « lancer ». Ce sera le comte Jules-Joseph Hennecart. Financier parisien, il a investi dans la ligne de chemin de fer voisine et découvre les dunes d’Escoublac lors d’un voyage de contrôle des travaux. C’est le coup de foudre. L’homme d’affaires est fasciné et décide, de concert avec son ami le comte Edouard Darlu, d’acquérir 40 ha de terrains à 1 franc le m².
Les deux associés font dresser un mur sur la plage, créent une promenade de villégiature à l’intérieur de leur terrain puis s’adressent au jeune architecte nantais Georges Lafont qui dessine les allées et les avenues, ainsi que les premières villas. La Baule surgit ainsi des sables par la volonté des deux hommes.
Elle est conçue comme la station balnéaire rêvée, destinée aux familles catholiques et s’inspirant des villes impériales comme Biarritz ou Deauville. Jules-Joseph Hennecart souhaite une station discrète, avec des villas cachées dans la nature et la végétation. Les comtes bâtisseurs ont chacun leur « lotissement », où les allées et avenues portent des noms de végétaux ou de volatiles.
En 1900, plus de 2 400 villas
La chapelle Sainte-Anne est l’un des premiers édifices construits. En revanche, Hennecart, extrêmement catholique, s’oppose à l’installation de casinos. Le premier n’ouvrira qu’en 1902, vingt ans après le décès du financier. Sa famille quittera même La Baule en signe de protestation, vendant l’ensemble de ses biens.
Pourtant, l’homme d’affaires a déployé tous ses efforts, de son vivant, pour faire grandir la station. À l’époque, il s’associe avec les propriétaires terriens de la région et lance de véritables « opérations de communication » dans la presse nationale.
Les résultats ne se font pas attendre, La Baule se couvre comme par enchantement de charmantes demeures aux choix architecturaux caractéristiques : tournées vers la mer, elles multiplient les fenêtres mais aussi les balcons, les terrasses, les bow-windows et les loggias et témoignent d’un goût prononcé pour l’asymétrie.
Les jardins se couvrent de plantes exotiques. En 1900, on compte près de 2 400 villas ainsi qu’une trentaine d’hôtels et deux casinos. Mais Hennecart ne verra pas grandir sa station. Il meurt en 1884.
Délaisser les soins, miser sur les divertissements
La mode est alors aux bains de mer thérapeutiques et La Baule va, dans un premier temps, s’inscrire dans cette tendance. Ainsi, l’Institut Verneuil, un centre de soins pour enfants fortunés atteints de tuberculose est inauguré le 28 septembre 1896. Mais l’opération s’avère un gouffre financier. L’établissement devient, à peine cinq ans plus tard, l’Hôtel Royal, un palace avec casino. La Baule délaisse vite le champ médical pour se concentrer sur les activités familiales et de divertissement.
Les journaux vantent désormais La Baule, « plus belle plage d’Europe », auprès de leurs lecteurs. Son atout majeur ? Elle est bordée par une bande côtière sablonneuse de près de 10 km de long, ce qui permet d’accueillir de nombreuses nouvelles animations. Dès 1913, La Baule a ainsi son club de plage qui propose des activités axées sur le sport et l’entretien du corps.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, François André, futur fondateur du Groupe Barrière, rachète en 1923 l’Hôtel Royal, afin d’y développer le casino. Mais il ne se cantonne pas à cela. Soucieux de promouvoir la station, il fait venir à La Baule des pur-sang pour les premières courses hippiques, organise des régates, des meetings aériens, aménage un golf, une école d’équitation et un complexe de trente courts de tennis.
Les estivants sont sollicités pour participer à toutes sortes de concours, celui de la plus belle automobile, du plus beau bébé ou, plus original, du plus beau mollet de baigneuse. C’est l’époque du premier yacht-club et des grands prix automobiles de La Baule où Bugatti et Mercedes rivalisent.
La folie de l’aviation
Mais, bien entendu, le spectacle le plus prisé reste celui des meetings aériens. Pionniers et figures de légende de l’aviation française se succèdent à La Baule-Escoublac ! C’est le temps des meetings décollant de la plage.
Les as de la voltige débarquent en nombre. Mistinguett descend des airs dans un « coucou » piloté par Blériot, Sacha Guitry arrive de Paris en avion lui aussi, avec son épouse Yvonne Printemps, pour séjourner dans leur superbe villa, La Grande Mare. Cet accent mis sur les sports et le divertissement produit vite ses fruits. Le Figaro d’août 1934 propose même de renommer les plages voisines de la station « côte des sports ou de la jeunesse ».
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