Vingt-cinq ans. La maturité qui s’installe, et la pleine forme qui cavale. À Montpellier, le Festival international des sports extrêmes (Fise) fête à partir de ce mercredi 25 mai son quart de siècle d’existence avec tambours et trompettes : 600 000 spectateurs sont attendus sur les rives du Lez pour applaudir près de 2 000 « riders » spécialistes de BMX, skateboard et trottinettes (lire ci-dessous).
→ EXPLICATION. Ces disciplines sportives qui appliquent l’égalité salariale entre hommes et femmes
Acrobaties en tout genre, musique à tout berzingue, mais aussi performances de haut vol, le Fise dans toute sa splendeur, chantre du développement de ces autres sports dits aussi « alternatifs », « urbains », voire « action sports ». Des disciplines nées dans la rue ou sur d’autres terrains de jeu que les sports traditionnels, qui revendiquent d’abord un style de vie et l’absence de cadres, mais qui depuis quelques années se sont rapprochées du mouvement sportif, jusqu’à l’intégration récente de certaines d’entre elles aux Jeux olympiques, à l’image du skateboard et du BMX à Tokyo, du « breaking » bientôt à Paris.
Une nouvelle jeunesse pour le mouvement olympique
Le Fise n’est pas pour rien dans cette évolution. Le fondateur du festival, Hervé André-Benoit, en est un des principaux artisans et un de ses meilleurs avocats. « Pendant des années, le Fise et ces sports ont grandi dans l’indifférence quasi générale, raconte-t-il. Nous étions les rebelles, non organisés, des riders caricaturaux pour les instances sportives. Il fallait nous professionnaliser pour devenir crédibles, notamment auprès des sponsors et des médias. »
→ REPORTAGE. Paris 2024 : avant les JO, le sport outil d’innovation sociale
Les sports urbains suivent vingt ans après le même chemin que les sports de glisse émergeant à la fin des années 1980, la planche à voile, le surf, le snowboard. Des disciplines qui prônent liberté et plaisir avant tout, loin des compétitions et des pratiques balisées. Mais que le mouvement olympique s’empresse dans les années 1990 de ramener dans son giron. « Et c’est un phénomène inéluctable, juge le sociologue Thomas Riffaud, passé de gamin timide au bord des skateparks à champion de roller sur les podiums professionnels. Des sports apparaissent à la marge, mais la plupart n’y restent pas. Ce sont des mouvements qui connaissent une “sportification” avec l’établissement de règles compréhensibles, indispensables pour intéresser le grand public et dépasser le cadre communautaire. »
Conserver une culture alternative vivante
C’est à partir de 2014 que des fédérations internationales et le Comité international olympique ont jeté un œil plus attentif sur ces sports urbains virevoltants. « Les instances sportives traditionnelles obéissent à une vraie volonté de rajeunissement, observe Hervé André-Benoit. Il est évident que près d’un gamin sur deux aujourd’hui a tendance à pratiquer ces sports. On ne peut pas les ignorer. » Pour le créateur du Fise, le skateboard et le BMX aux Jeux sont des éclaireurs. « Sur les skateparks aujourd’hui, 40 % des pratiquants sont à trottinette, poursuit-il. Et le parkour (une sorte de gymnastique qui consiste à franchir des obstacles en milieu urbain, NDLR) est en pleine explosion. Ces deux disciplines ont pour moi leur place aux Jeux de Los Angeles en 2028, et de Brisbane en 2032, deux villes qui sont très tournées vers les sports urbains. »
Cette absorption par le modèle dominant est cependant toujours l’objet de discussions enflammées au sein des communautés concernées. Le risque de perdre son âme, de se retrouver dilué dans le grand bain olympique ? Sempiternel débat. « Si l’on regarde l’évolution du surf par exemple, on se rend compte qu’il existe désormais deux populations qui n’ont plus rien en commun : des sportifs chevronnés et des surfeurs hors cadre, toujours en quête de la vague ultime, commente Thomas Riffaud. Les sports urbains sont aujourd’hui à une étape charnière, avec des riders des deux tendances qui cohabitent encore. Le Fise navigue d’ailleurs sur cette ligne de crête, avec des compétitions certes, mais en cherchant à maintenir une culture alternative vivante. »
Pour Hervé André-Benoit, il s’agit en effet de pousser « une pratique régulée, notamment au sein d’académies sur les skateparks, parce qu’un cadre est quelque chose qui rassure les parents, mais aussi de préserver une pratique libre, car c’est notre ADN ». Un grand écart qui pose forcément la question du spectacle calibré notamment pour les Jeux. « Il faut savoir ce sur quoi on cède ou pas dans le processus de normalisation olympique, souligne Thomas Riffaud. Attention d’un côté à ne pas exposer des riders qui ne sont peut-être pas encore des athlètes, et de l’autre de ne pas proposer des compétitions trop lisses, gommant le spectacle exubérant de nos disciplines, comme ce fut plutôt le cas à Tokyo. » Une question d’équilibre en somme. Mais n’est-ce pas l’apanage des as de la voltige ?
-------------
Sept disciplines au programme
Du 25 au 29 mai, ce sont sept disciplines qui sont inscrites au programme du Festival international des sports extrêmes (Fise).
Trois sont olympiques : le BMX freestyle park et le skateboard présents à Tokyo, et le breaking (ou la breakdance) qui feront leur entrée en 2024 à Paris.
Les quatre autres sont le roller, la trottinette, le parkour et le BMX flatland, qui consiste à enchaîner des figures sur son vélo sans mettre pied à terre. Le Fise a tissé des partenariats avec certaines fédérations internationales, comme l’Union cycliste internationale ou la Fédération internationale de gymnastique, ce qui permet au festival d’accueillir notamment les étapes de Coupe du monde de BMX et de parkour.
En savoir plus et une source d'actualités ( Les sports urbains, entre intégration olympique et identité préservée - La Croix )https://ift.tt/QuJBbiF
Des sports
Bagikan Berita Ini
0 Response to "Les sports urbains, entre intégration olympique et identité préservée - La Croix"
Post a Comment