INTERVIEW - Galvanisé par sa légendaire énergie, Bernard Tapie n'a pas dit son dernier mot face à la maladie. Dans l'émission "7 à 8" du 27 décembre, il raconte où en est son combat contre son double cancer qui a "très gravement progressé". Il parle aussi de la vie, de l'amour et de la mort dont il n'a pas peur.
- Virginie Fauroux
Les résultats de son scanner ne sont pas bons. Bernard Tapie est sonné mais il ne renonce pas pour autant au rendez-vous fixé par l'émission "Sept à Huit" sur TF1. C'est dans ses habitudes de ne jamais baisser la garde. Et même affaibli, même sans voix, il n'a rien perdu de sa fougue légendaire et veut témoigner de son combat contre ce sale crabe qui le détruit petit à petit depuis trois ans. "Je suis au plus mauvais point depuis le début de ma maladie", reconnaît-il. Et pourtant.
Tout semblait aller mieux après un traitement expérimental entamé en janvier. "C'est d'autant plus dommage que mes tumeurs avaient baissé de 70%. Et puis je me suis senti pas bien du tout au début de l'été, on a fait un scanner de témoin et là, on a découvert 20% de nouvelles tumeurs et mes anciennes avaient doublé. Donc on a été obligé d'arrêter et on a cherché un autre traitement expérimental, puisque les traitements classiques ne marchent pas. On en a tenté un autre sur l'immunothérapie, mais je viens de faire le scanner et elles ont encore doublé de volume", raconte-t-il.
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On se bouge, on ne reste pas allongé, on évite les anti-douleurs, bref on fait tout pour rester intact.
Bernard Tapie ne désespère pas pour autant. "C'est pas pour ça que je suis foutu", lance-t-il, convaincu que son énergie, "celle qui alimente l'immunité" est une arme redoutable contre la maladie. "Et ce n'est pas de la méthode Coué", se défend-il, avant d'énoncer sa propre ordonnance : "On se bouge, on ne reste pas allongé, on évite les anti-douleurs, bref on fait tout pour rester intact". Et comme l'humour fait également partie de la combinaison gagnante, Bernard Tapie relate le moment où le procureur, lors de son procès pour "escroquerie", a requis cinq ans de prison ferme. Seule réponse de l'intéressé : "Monsieur le procureur je vous remercie beaucoup, vous êtes plus optimiste que mes médecins !" Une déclaration en forme de pied de nez qui en dit long sur son moral de combattant.
Mais quand on sait que le temps est compté, vit-on différemment ? Lui peut-être un peu plus que les autres, et il s'en explique : "En temps normal, je pense que la vie doit être assez semblable lorsque vous n'avez pas d'autres combats à mener de front. Moi je dois partir avec ma femme à l'abri, et donc le temps est compté pour moi parce que je veux partir cool, serein, tranquille. Ce qui n'est pas le cas en ce moment. Donc ma vie est un peu plus compliquée par le fait qu'il y a des échéances, et qu'il faut que j'arrive à les surmonter", analyse-t-il.
Des rendez-vous judiciaires dont il se passerait bien, lui qui prône une seule réussite, celle d'avoir vécu avec tous ses enfants sous le même toit dans son hôtel particulier de la rue des Saint-Pères, à Paris. Un immeuble qu'il n'aurait jamais pu imaginer habiter un jour. "Quand je suis né, ma seule chance de rentrer dedans aurait été d'être le facteur du 7ème arrondissement !", s'amuse-t-il, ajoutant que c'est aujourd'hui "ce lieu que la justice veut lui prendre à tout prix".
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Parler de la vie d'après, sans lui ? "Jamais"
Et quand tout risque de devenir éphémère, doit-on parler avec ses proches de la vie d'après, celle qui se fera sans lui ? "Non, jamais", répond-il catégorique, "parce que c'est quelque chose qu'on ne peut pas essayer de faire partager. Il faut garder à chacun sa liberté de penser, celle-là est trop profonde. Jamais je ne me permettrais de tenter de les influencer en quoi que ce soit", ajoute-t-il. Et se réconcilier avec ceux dont on s'est éloigné, est-ce une meilleure idée ? Pas pour lui, tout simplement parce qu'il ne connaît pas la rancune. "Ça ne fait pas partie de ma façon de concevoir la vie. Il y a des journalistes qui écrivent des choses horribles sur moi pendant des années. Quand ils m'appellent, je les invite à prendre un café", avoue-t-il. En revanche, la donne n'est pas la même quand il s'agit d'amis. "La seule chose qui me fait souffrir, c'est si ce sont des gens pour qui j'ai de l'amour ou de l'amitié sinon je m'en fous complétement".
Malgré un mental d'acier, Bernard Tapie le reconnaît : il a peur, souvent. "J'ai peur à l'attente du résultat d'un examen, et puis dès qu'il tombe, il tombe. Mais avant qu'il arrive, je suis angoissé", avance-t-il, car "il n'y a pas de surhomme". Pour autant, la force est là, presque inaltérable. "Ce n'est pas la nature qui fait ça, c'est le parcours", prévient-il. Une jeunesse précaire, "moi la salle de bains, c'était une cuvette, et les toilettes c'était un seau pour mes parents, mon frère et moi", se remémore-t-il. Mais les épreuves lui ont permis de se forger un destin. "Mon père ouvrier était convaincu de ne pas mériter mieux. Il a fallu que ce soit son fils, trente ans après, qui lui montre le chemin pour qu'il devienne chef d'entreprise. Il avait 52 ans. Et mon petit frère est devenu son successeur".
Croire en Dieu
Un destin hors du commun qui lui a été en quelque sorte suggéré : "Je n'ai jamais dit de toute ma vie : 'Tiens j'ai envie de faire ça'. Tout ce que j'ai fait m'a été proposé, ministre, chanteur, chef d'entreprise, patron de La Provence ou directeur de l'OM. Cela veut dire qu'à un moment donné, vos succès attirent les gens qui veulent profiter de ce qu'ils pensent être votre capacité à gagner". Cette réussite, Bernard Tapie la définit de la manière suivante : "c'est être heureux de ce que vous avez fait quand vous vous levez le matin, mais aussi de rendre les gens autour de vous heureux", explique-t-il en précisant "qu'il ne faut pas confondre la réussite et le bonheur". Sans oublier le facteur chance. "Avoir la même femme pendant 45 ans, ce n'est pas une question de don, ni de savoir, c'est vraiment le coup de pot. Il n'y a que la chance qui peut vous permettre de rester avec quelqu'un tout ce temps-là, et de passer au travers des épreuves, des contradictions et des conflits", admet-il.
Aujourd'hui, alors que le sablier s'écoule de plus en plus vite, Bernard Tapie ne veut faire aucun bilan. A quoi cela servirait-il ? Mais il veut croire en sa bonne étoile jusqu'au bout, et pour cela il a la foi. "La croyance c'est comme l'amour mais on ne peut pas l'expliquer à quelqu'un qui n'a pas connu l'amour", dit-il, tout en reconnaissant que Dieu est tout le temps avec lui. "Je prie tous les jours mais je ne casse les pieds à personne". Quant à la vie après la mort, Bernard Tapie en est sûr, on a tous une âme qui survit une fois que le corps n'est plus. "C'est tout ce qu'on ne voit pas mais qu'on ressent. Il n'y a aucun doute là-dessus. Enfin pour moi. Le corps c'est mécanique. L'esprit, c'est le cœur et l'âme", conclut-il.
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